Centre de recherches juridiques
de l’Université de Franche-Comté

L’usus des droits sociaux

Directeur de thèse : Christine Lebel
Thèse soutenue le 10 mars 2023

Le démembrement est traditionnellement défini comme un acte juridique entrainant le partage des attributs du droit de propriété sur un bien. L’usufruitier aura le droit d’user du bien (usus) et d’en percevoir les fruits (fructus). Sa seule limite est de ne pas porter atteinte à la substance du bien puisqu’il devra le restituer au nu-propriétaire à la fin du démembrement, celui-ci en deviendra alors pleinement propriétaire. Pendant la durée de l’usufruit, le nu-propriétaire ne détiendra que l’abusus qui est le droit de disposer de la chose. Mais il ne pourra pas exercer ce droit sans l’accord de l’usufruitier, en effet, le nu-propriétaire ne doit pas porter atteinte au droit de jouissance de l’usufruitier.Il existe des biens dépourvus d’usus ou dont l’usus et l’abusus se confondent. Il s’agit des choses consomptibles pour lesquels l’usufruit prendra la forme d’un quasi-usufruit. L’usufruitier n’aura plus pour obligation de restituer le bien démembré mais un bien de même quantité et qualité ou sa valeur estimée à la date de la restitution.Les droits sociaux n’étant pas des choses consomptibles, il existerait un usus des droits sociaux. La présente étude aura pour objectif de démontrer que les droits sociaux sont nécessairement dotés d’un usus puisqu’ils constituent des biens meubles fongibles mais non consomptibles et que le lien unissant l’associé à ses droits sociaux est un rapport de droit réel. La présente étude aura ensuite pour ambition de repenser le partage des prérogatives politiques dans le cadre d’un démembrement de droits sociaux, en distinguant celles qui relèvent de l’usus et celles qui relèvent de l’abusus. Ce nouveau partage sera l’occasion de s’interroger sur la qualité d’associé en cas de démembrement de droits sociaux et de proposer une solution à mi-chemin entre la théorie moniste et dualiste de la qualité d’associé : le nu-propriétaire et l’usufruitier partagent la qualité d’associé. Une telle approche nécessitera d’avoir un regard critique sur la position récemment adoptée par la jurisprudence qui refuse la qualité d’associé à l’usufruitier.