Tout lecteur, dans l’acte même de lire, effectue un travail tant de compréhension que d’interprétation du texte. Il doit « déjouer » les pièges du texte et des acteurs pour affiner son interprétation. La présente étude tente de mettre au jour nombre de difficultés auxquelles sont confrontés les historiens du droit, lorsqu’ils ont à lire puis à interpréter un texte, notamment les systématisations juridiques. Aux méthodes d’interprétation de l’historiographie juridique, souvent centrées sur les critiques textuelles, peuvent s’ajouter les questionnements issus des travaux de théorie littéraire. Des universitaires, parmi lesquels Michel Foucault, Roland Barthes, Hans-Georg Gadamer, Jacques Derrida, Umberto Eco, Antoine Compagnon ou encore Michel de Certeau, ont souligné la complexité du travail interprétatif sur les textes. Que peut-on effectivement savoir d’un auteur, de son intention, du travail d’écriture lui-même ? Qu’est-ce qu’un lecteur, comment le texte parvient jusqu’à lui et quel usage il en fait ? Autant d’interrogations abordées ici de manière pragmatique, en articulant la réflexion autour d’une conception triadique du texte (intentio auctoris – intentio operis – intentio lectoris).