Centre de recherches juridiques
de l’Université de Franche-Comté

L’introduction d’un nouveau gène dans le procès

in La QPC, le procès et ses juges

Emmanuel Cartier (dir.)

L’introduction de la QPC dans le droit français depuis le 1er mars 2010 constitue à n’en pas douter une véritable révolution dans la manière de concevoir la fonction de juger et dans la façon dont le procès sera conçu à l’avenir.

Une analyse de l’impact de cette nouvelle voie d’action processuelle nécessitait par conséquent à la fois une remise en perspective de l’ordre juridictionnel et de l’architecture du procès dans ses différentes composantes : les différents acteurs intervenant dans le cadre de la QPC ; les temporalités du procès ; les moyens des parties et leur articulation tactique, voire stratégique ; la représentation des sources du droit au sein desquelles la jurisprudence a dû se positionner et où la question de l’articulation du droit constitutionnel avec le droit européen se pose de manière évidente. Cette reconfiguration du procès et de l’architecture juridictionnelle laisse aussi envisager, à plus ou moins long terme, la possibilité d’une remise en cause de la spécificité de notre système français : le dualisme de juridictions. En effet, derrière un certain nombre de divergences quant à l’exercice du filtrage par les deux juridictions suprêmes des ordres administratif et judiciaire, semble se profiler une véritable convergence évolutive, phénomène bien connu des biologistes, transposé ici au droit et à sa pratique, caractérisé par l’émergence progressive de ressemblances entre espèces différentes soumises aux mêmes contraintes environnementales.

C’est par une analyse raisonnée et rigoureuse de la jurisprudence croisée des deux ordres juridictionnels des deux premières années et par un éclairage comparé, au terme d’une recherche menée par deux équipes rattachées au CRDP (EA n° 4487) de l’Université Lille 2 et financée par le GIP « Mission de Recherche Droit et Justice », associant publicistes et privatistes dans des disciplines clés, praticiens et magistrats, que certaines conclusions ont pu être établies et certaines orientations dessinées. Cette analyse a par ailleurs été enrichie par une étude sur le terrain des pratiques issues des mondes judiciaire et administratif pour lesquelles une série d’entretiens a été menée dont les données furent croisées avec les résultats de questionnaires adressés aux praticiens du droit et aux magistrats intéressés.

Sous la direction de Emmanuel Cartier, Professeur à l’Université de Lille 2 Droit et Santé.

Dalloz
juin 2013
p. 1-18
ISBN : 978-2-247-12758-0